La vie sauvage

Que vaut la vie des hommes si tout ce qu’ils doivent vivre s’inscrit dans des automatismes répétés et continus ? Ça c’est pour des robots, des mécaniques sans conscience, malgré les systèmes logiques qui les animent. Ce qui fait de nous des hommes c’est cette part imprévisible de nos choix et où chacun d’entre nous s’y détermine. Cela déborde de nos actes, c’est plus profond que les actions individuelles ou collectives, cela concerne nos dispositions intérieures, nos orientations spirituelles, nos désirs et nos amours qui trouvent matière à agir et à penser, à vivre sous l’angle des passions, des feux qui nous animent.
Ceux qui voudraient que nos existences et nos actions soient parfaites, pures, impeccables, sans défaut comme des horloges, des mécanismes de précisions, s’échinent à formater les consciences. Dans ces conditions la conscience se perd dans les automatismes. La vie humaine en perd son sens dans cette prétendue perfection. La vie tout court également. Le prédateur ne sait pas d’avance s’il va saisir sa proie. Le moindre organisme peut vivre ou mourir.
Rien n’est jamais joué avant que le jeu se fasse. La probabilité ne décide de rien. Cela ne veut pas dire que tout n’est qu’incertitudes. La question qui nous concerne avant tout, c’est notre humanité. Notre survie dans cet univers. Survie de l’âme humaine, de sa singularité, de son originalité créatrice, qui se perd ou se noie dans cette infernale domestication de l’homme réduit à l’esclavage. De même que l’animal. La vie la plus vivante est d’essence sauvage. Mais le sauvage n’est pas féroce, aspirant à la cruauté, à faire souffrir, tourmenter ou tarir, priver l’autre de sa vie.

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