Pourquoi la chance ? Parce que cela nous sauve. Il faut la saisir quand elle se présente, et ne pas la perdre. C’est comme une exception. Sans doute, si tu as une chance, ce n’est pas gratuit, c’est pour réaliser quelque chose en retour, quelque chose d’utile au monde, en plus de toi.
Il y a dans le monde des êtres exceptionnels, dotés de talents fameux, mais dont les œuvres ne donnent pas nécessairement des modèles à suivre, mais des horreurs à éviter. Je pense au livre de Malraux « la condition humaine ». Ce serait plutôt « la perdition humaine » dans ses descriptions les plus atroces. La folie meurtrière, et le drame humain dans son expression la plus violente, la déroute de l’amour et de la vie.
Il est rare que la chance se présente à plusieurs reprises. Elle serait fausse si elle se répétait. Ce ne serait plus une chance, ce serait une loi de la condition humaine, et nous n’aurions nulle part à apporter en étant sous perfusion.
Bon, je ne dis rien. Ce hasard offert, cette grâce, doit porter ses fruits, et à ton tour tu dois avoir accompli quelque chose en fonction de cela. Non seulement intellectuellement, mais spirituellement, quelque chose de très signifiant dans les relations humaines modifiées, allant dans le sens du courage, de la sainteté, c’est à dire vers la pureté et la lumière vivante.
Il faut mourir, mais mourir n’est pas la fin, pas notre fin. Voir mourir celui ou celle qu’on aime, et qui fut notre chance, laisse un goût amer, révélant notre impuissance et un désarroi auquel il va falloir faire face seul. Sans opium.
Dieu a donné, Dieu reprend. Il reprend ce qui vient de lui. Il laisse ce qui n’est pas de lui et qui ne vient pas à lui. Ou qui vient animé de mauvais, c’est à dire d’impuretés. Dans ce sens, la chance est un don de pureté venant de Dieu.
Il est notable que la souillure sur la terre est immense. Si on en juge par tous les détritus jetés ici ou là, à l’échelle industrielle, ou individuelle. Par tous les crimes et les mensonges étalés à la face du monde, les trahisons, les malheurs, les effondrements sous nos yeux, comme si il n’y avait rien que cela.
Mais non, il y a aussi l’autre visage.
Comment vous dire sans mentir ? C’est une chaîne vivante, qui sauve ce qui doit être sauvé, celui qui veut se sauver, aller jusqu’au bout de sa vie, là où tous les êtres sont vivants, et où nous retrouverons les vivants.
Ne me demandez pas ce qu’ils sont. Ils sont dans vos rêves, et dans la lumière pure de ceux-ci. Mais ce n’est pas l’heure de les chercher. Il vaut mieux allumer ici ces âmes éteintes. Et donc il est question de cultiver de ce qui doit l’être, pour le mieux.
Cultiver, rendre un culte, à la beauté, à la vérité, à la bonté. Dans ces conditions, ces conditionnements favorables, le terrain se prépare à recevoir la vie, la vie heureuse.
Cela malgré les souffrances dans les chairs. Le mal s’estompe avec le temps, la terre se délivre.
C’est à la porte des enfers qu’on prend la mesure et l’importance de la vie, à condition de ne pas se laisser dévorer.