Pendant tout ce temps où les hommes se noient dans des calculs astronomiques n’ayant guère de sens, l’existence se complique, la conscience s’égare. Où d’autres se focalisent sur la nature, en font le divin, nous restons seuls, sans réponse face à l’absence. Moins seuls dès lors que nous sommes dans ces moments d’échanges, de parole et d’écoute. Réduisant le temps qui nous sépare. Nous nous rapprochons, c’est lumineux.
Je songeais à ce fait inouï que ce que nous percevons de l’autre met un temps pour nous parvenir, ce qui fait que nous ne sommes jamais absolument dans le même temps réel, l’infinitésimale distance, n’étant pas nulle. En quelque sorte, le temps en soi (absolu) n’a pas sens, sans le sujet, sans l’être présent.
Les confins des univers si éloignés, sont tout de même présents en tant qu’objet visible. Même si ce n’est que leur passé. C’est assez futile. Dans le même ordre d’idées, ce qui se produit dans les profondeurs atomiques, dans cet infini, ne nous touche pas spécialement. C’est sans fond. Intéressant malgré tout, sans que ce soit assez pour en tirer des conclusions sur ce que nous sommes, et devons être.
Alors ne resterait-il rien qui nous tient en vie ? Il reste la musique et la poésie, la douceur de l’amour, le rire heureux, chaleureux. Tout cela étant surnaturel. Intemporel. Miraculeux. Faisant face à l’horreur de la mort. La mort de l’âme. Ou dans l’âme.
Ce dernier mot n’ayant pas droit de cité au sein de la science, ce n’est pas une hypothèse recevable, c’est laissé aux théologiens, aux mythologues, ou anthropologues qui s’y penchent pour explorer les aberrations de la psyché humaine. La science ne prend en compte que les objets observables, formulés, rendus intelligibles. Saisissables en somme.
Qu’y a-t-il derrière tout cela ?
- Une volonté d’unification absolue, ( ce que tout le monde comprend) l’être ne pouvant pas à la fois être et ne pas être. ( comme dirait Aristote ).
- Une volonté d’en finir avec la mort, c’est à dire cette coupure au sein des êtres, avec lesquels nous étions comme Un.
- Un rejet de la nature, sachant qu’elle ne nous laisse pas en vie, et que nous ne sommes que relatifs au sein de cette nature.
- Rien, peu, ou un peu plus cela ne change rien, rien n’a donc d’importance et tout est égal puisque notre disparition effacera tout, tout retournant à la poussière
- Rejet des croyances ( légitimement ) signifiant ignorances.
- Quoi d’autre derrière ce mur ?
Bref, on veut savoir. On veut ne détenir de savoir qu’en fonction de nous-mêmes, que de notre humanité. Ça peut se comprendre, assez facilement. Ça a déjà été dit mille fois : on n’accepte pas une vérité sans preuve, sans que nous puissions faire de cette vérité quelque chose nous appartenant en propre, ou entièrement. Sinon, les opinions, les croyances, tout ça, on les laisse.
Il y a par conséquent un rapport de forces. Il n’y a plus de dieu ou de vérités transcendantes que dans cette confrontation entre les puissances, et les sciences mises en œuvre. Il n’y aura pas de dieux ou de puissances extérieures à la terre qui fera pencher la balance d’un bord ou de l’autre. Il ne se peut pas. C’est forcément le plus fort qui doit triompher. Je veux dire, le plus lumineux ou le plus ténébreux. Le pire, ou le meilleur.
Certains diraient le Christique ou l’anti-christique. Tout cela se déroulant dans notre âme. L’âme étant une scène tragique. Un lieu, si les mots veulent dire quelque chose. Un endroit dans lequel nous sommes. Un lieu à ranimer de notre présence. Ou bien notre présence à ranimer dans ce lieu de notre âme.
Est-ce que la Science va tenir compte de ces enjeux des âmes ? Ou ne prendre en compte que les corps, ou leur voix faible ?
Simple comme l’oiseau.
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