Que savons-nous ?

Que savons nous, que voyons-nous si nous ne prenons comme outil pour voir et pour savoir que nos yeux de taupes, assez grossiers pour pouvoir percevoir les profondeurs de ces corps que la physique prétend connaître ? De même avec nos gros doigts pourrions-nous appréhender le temps de Planck, parti aussi vite qu’il est arrivé dans le présent ? Cependant on peut accorder un crédit à la valeur mathématique de ce temps donné par la théorie, la logique, la raison et le concept, sans plus, sans pouvoir affirmer plus, sans présumer de ce qu’il y a au-delà de cet objet-temps minimal.
Nous, ici, vivons en conformité avec la dimension étroite du réel dans lequel nous sommes apparus, comme en symbiose. Nos perceptions y sont adaptées, tout comme on pourrait concevoir que les perceptions des microbes sont adaptées à leur environnement. Avec cette nuance que nous nous sentons un peu plus conscients qu’un microbe.
Il ne saurait y avoir de science qu’en conscience. Or, la conscience file avec le temps, le temps présent réduit à presque rien. Excepté dans le champ spatial, où s’inscrivent les phénomènes, laissant des traces et de la mémoire, dans les moindres replis, cellules, atomes et photons embrassant les univers.
Nous connaissons mieux après coup, comprenons mieux le signe des événements liés au passé, tandis que ceux du présent sont inintelligibles. Puisque tout s’y passe. On perçoit mieux avec un certain recul. Histoires, contes et légendes. Subtilité des imaginaires. Et des images. De la sensibilité et du talent de l’artiste qui restitue la profondeur d’un présent dont il a eu conscience par l’étincelle.
Mais tout ceci n’est pas tellement important si nous n’allons nulle part, si tout se ferme devant nous, une vie sans destin, sans futur qui se présente. Sans perspective heureuse, sans pouvoir se soigner des blessures du passé. Finalement ce qui nous sépare les uns des autres, et ce qui nous sépare également de la vie. Comme morts. Accablés dans la pesanteur effective de notre psyché, qui n’est plus tout à fait comme le décrit le physicien.

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