Cette chose étrange

C’est une chose vraiment étrange que d’exister sur terre, être à moitié conscient de la mort, à moitié de la vie. Devoir penser ou croire selon l’autorité de maîtres disparus, et n’avoir droit qu’à ses erreurs, sans autorité sur sa vérité, seulement relative. Toujours tenu à l’obéissance à l’ensemble, comme si le « Je » ne savait rien, et ne pouvait donc décider de rien. Ou s’il lui prend l’idée de s’affirmer en opposition aux doxas quelconques, il lui faudra toujours en payer le prix. Ceux qui ont une autorité ne sont guère prompts à lâcher du lest. C’est leur propriété, ces formes instituées, alimentées par tous les membres qui acceptent les bases dogmatiques et leurs discours, leurs rites et cérémonies. Toutes ces choses là ne manquant pas de talents pour soutenir la cohésion de l’ensemble, difficile à remettre en question. Ils sont comme détenteurs des vérités transcendantales, prometteuses en théories, en principes, de vie éternelle, de paradis, de délivrance, de joies pures et d’émerveillements.
Ce qui fait que dans une certaine mesure le groupe se maintient, malgré les oppositions, et les défaillances internes. On ne demande pas aux membres leur avis, leurs sentiments, ou quels seraient leurs doutes. Surtout dès lors qu’il y a des chocs entre les différents ensembles, des confrontations culturelles, et des murs d’hostilités réciproques.
Dans ces conditions que pouvons-nous affirmer ? Il nous faut l’appui de la science, et de la raison. Au minimum, une bonne logique, et de la sincérité, ne pas se mentir. Mais cela ne suffira pas, nos mots passant toujours pour des bavardages arbitraires et sans fondements, jamais probants.
À ce sujet, à qui nous adressons-nous et en vue de quoi ? Comme si je voulais prouver quelque chose. Comme si je savais et que vous ne le sauriez pas. Tout ce que chacun d’entre nous détient comme savoir, ne peut provenir que d’une source, coulant sans cesse. Ce qui n’empêche que nous pouvons nous tromper ou mal l’entendre, mal interpréter les signaux envoyés. Ceux-ci ne relèvent pas de nos sens, mais de sens d’un autre ordre, d’un niveau supérieur et aussi inférieur. Conscience, intuitions, illuminations, visions, provoquant l’apparition de phénomènes étranges, hors du champ normal apparent ordinaire.
Ainsi en est-il du temps. Non celui des horloges, non, celui de la psyché, et des mémoires. Le temps de notre esprit embrassant les espaces. Ce qui rend les univers habités. De même que nos corps.
Ce qui fait de la Terre un lieu conçu pour qu’apparaisse cette conscience vivante. Pour que ce germe enfoui sur terre, dans la terre noire, revienne à la lumière, après ses diverses métamorphoses, et son savoir acquis au cours des millénaires traversés. Dans cet ordre d’idée la terre n’est pas « normale », elle révèle en elle-même le Dieu inclus dans les univers. De la même façon qu’en nous-mêmes nous sommes en notre corps.
Ou pour le moins notre pensée, libre.
Ce qui fait ceci : Si Dieu nous fait vivre, être et penser, nous aussi faisons vivre notre dieu, ce qui a des implications sur les événements terrestres. ( avec en prime l’idée que cela ne cesse pas)
Avec cette idée là qu’en dernier ressort, c’est toujours nous choisissons, même en ayant reçu des enseignements de maîtres, et d’avoir eu des indications sur les chemins à emprunter.
Le dire, l’exprimer à répétition, reformuler constamment les mêmes choses ou presque, cela sert en premier celui qui s’exprime, ce qui se conçoit. Si nous devions redire les mêmes mots que ceux que nous avons lus ou entendus, nous pourrions nous tenir dans le silence complet, nous ne ferions que plagier des énoncés, ou être perroquets.

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