Il n’est pas nécessaire de savoir tous les détails des objets et des transformations, pour savoir, c’est à dire avoir une vision de ce que nous sommes, savoir où nous allons. Il en faut tout de même, cela jette un éclairage sur la profondeur de cette création, le réel étant fantastique insondable, dans l’infini de ses formes et processus. Tout ce que la recherche scientifique nous offre, c’est la contemplation abyssale de notre ignorance face à la complexité des phénomènes, et des limites inatteignables, qui se repoussent sans cesse. Mais nous, dans ce déroulement des événements, nous devons y trouver notre part, notre connaissance, la raison de notre existence. Les bactéries, les atomes, les formations rocheuses, le végétal et l’animal ne se penchent guère sur leur origine et leur fin. Ils sont un tout dans la cohérence de l’univers, sans plus ni moins. Cohérence n’est pas le mot. Ils sont habitants habités de présences dans le monde.
Nous, au contraire, sommes hantés d’absence, poussés à devoir toujours plus que notre condition. Comme si nous étions d’une autre nature que la nature. D’une nature devant savoir d’où elle procède, et ce que nous avons à y faire. En puisant dans tout ce que la nature nous propose comme large éventail de questions, dans les maux, dans les biens. Tout cela en étant isolés, séparés de l’univers. Comme le scientifique opère dans un système clos. Même si de façon catégorique il n’y a nulle séparation. On ne se coupe pas des forces et des lois. On ne peut être dissocié des origines. On peut simplement les avoir oubliées.
Il y a d’immenses probabilités qu’existent des terres du même style que la notre dans ces univers. Et des formes humaines, ou similaires à nous. Ce qui implique que nous ne trouverions rien d’autres que du semblable dans ces espaces éloignés. Ce n’est pas une quête prioritaire. Ici, il y a tellement à explorer, et expérimenter dans le sens du vivant. De la Vie présente, au sens fort de la vie incluse, de la présence incluse dans l’existant et dans les enchaînements des causes. Là, nous y trouvons l’universel. Et cette immensité, cette intensité et densité d’être et de présence. Et puis tout ce que nous avons oublié. Retrouvant la mémoire, nous avons retrouvé cette lumière originelle, en faisant corps avec elle.
Alors, ce qui distingue l’homme, c’est sa parole, son expression qui révèle sa pensée, qu’il donne au monde.
Et si le monde n’en veut pas ? Ou s’il pense pouvoir s’en dispenser, comme le croyait Lavoisier. Pour sûr, on n’a pas besoin de se pencher sur Dieu pour faire l’électrolyse de l’eau. Mais est-ce que toutes les expériences ont des vertus positives, nous conduisant à une amélioration de la conscience ? Ou au contraire nous dégrade dangereusement, en abîmant la Terre. On succombe dans des gouffres horribles.