C’est un combat à mort pour (pouvoir) vaincre la mort. Je pense ici à la pièce de Ionesco « le roi se meurt », vue récemment. Le Roi, c’est l’Homme, le transcendant omnipotent qui va mourir, perdre tous ses pouvoirs, se dissoudre dans l’océan infini. Le roi vaincu par lui-même. Il n’y a plus personne face à lui que lui-même et la Marguerite pour l’accompagner, lui indiquer son destin ultime.
Il n’y a plus de bien ni de maux, plus de combat, la mort ne pouvant perdre. C’est comme la force de la femme au cours de l’acte sexuel, t’entraînant dans son abîme, d’où renaît l’existence. Comme l’univers qui absorbe ton corps, et dévore tous les corps.
Se pose l’unique question du passage d’un état à un autre, d’un être à un autre être. Nos vœux ne sont pas grand-chose, happés par la puissance du réel. Se demander dans ces conditions quelle sera notre identité ? Sur quoi s’appuie-t-on ?
Il n’y a guère de comparaison possible entre nous et des cellules toutes identiques, qui se dupliquent par scissiparité et se trouvent strictement identiques, dupliquées sans perte d’information, sans perte de leur génie propre.
Il est étrange d’entendre de la bouche d’un homme dire qu’il fait un avec son père. Ce qui signifie qu’il est du même esprit, du même être, de la même identité, ici et au-delà. Qu’il ne meurt pas, par conséquent. Il ne peut pas mourir, c’est à dire se perdre, perdre lui-même. En ce sens, il est et sans doute fut-il seul à être. Et nous montre ou nous enseigne comment faire pour pouvoir être et ne plus perdre cet être en nous, comment passer donc.
Ou comment capter cette lumière de notre être réel. Sans la souiller. C’est là tout l’enjeu de la lutte du bien et du mal.
Il n’y aurait pas à combattre le mal, il n’y a que le bien à dérouler en nous et devant nous, ce qui estompe tous les maux effectifs progressivement, comme l’ombre recule. Ou comme la nuit s’illumine, et on sait qu’elle immense. On ne cesse d’en faire le constat dans les moindres détails. Pensez donc que ce n’est pas en l’indiquant que nous allons nous en sortir. Nous nous y enfonçons en voulant l’étreindre. On ne dialogue pas avec elle, parce qu’elle est infinie.
Nous, nous avons à nous reconstruire, plus qu’à construire des édifices. Il ne s’agit pas d’édifier notre corps mortel en corps immortel. Il s’agit de retrouver en nous ce corps immortel lié à nos désirs, nos amours, cette lumière intérieure discrète.
Sator unit le féminin et le masculin, la femme et l’homme. L’homme devient pleinement Homme par la femme, la femme pleinement Homme par le génie de Sator ( opéra )
Pas de bidouillage hormonal. Pas de miroirs faussés dès l’enfance ou de parents déchirés, déchirant les enfants et le futur de la terre.
Dans ces conditions nouvelles le futur redevient viable. Les hommes auraient renoncé à leur mort. Renoncé à s’insurger contre elle.