Ce concept de symbiose. Le saint bi ose, en préambule irrationnel. Le scientifique magnifique débordant de connaissances des organismes et de leurs fonctions, dans les moindres détails et dans leurs ensembles, rationnel, logique, dans sa méthode, arrive à des conclusions, tout à fait justes dans une certaine mesure, relativement à ses observations, ce qui l’autorise à postuler ce concept universel de symbiose avec tout ce que cela a comme implication dans nos représentations du réel, et des doutes sur nous-mêmes. Nous aurions pu arriver à des conclusions du même ordre en observant un homme marchant pieds nus sur la terre : en effet, nous avons là en présence deux êtres différents, deux corps étrangers, n’ayant pas les mêmes fonctions organiques, les mêmes « gènes » ou la même genèse, a priori. Et dont on peut affirmer sans erreur possible que l’un ne tire sa subsistance que de l’autre, en étroite symbiose, avec la pesanteur, les températures, les éléments dans lesquels nous baignons ou nous nous brûlons. Dans ce sens, nous ne sommes jamais seuls avec la Terre. Disons, en ce qui concerne notre possibilité d’exister organiquement. Ce qui est insuffisant. Et n’a guère de sens. Ce qui est sans intérêt, si ne se présentent pas d’autres dimensions à notre regard ou entendement, de même des congénères avec lesquels des échanges se produisent et nous nourrissent d’autres nourritures que des sucres, des énergies, des chlorophylles, ou des graisses, dans un bal fantastique d’hormones et d’enzymes qui autorisent tout cela.
Tout ceci est évident. On parle de système, on pense que tout ce qui existe relève de systèmes. Donc de mécanismes qui sont en eux-mêmes causes de leur existence. Et que connaître ces systèmes pourrait corriger leurs défauts, ou leurs manques, les dysfonctionnements possibles. Ce que nous découvrons nous donnerait du pouvoir sur la vie dans son ensemble, comme si nous en étions les co-auteurs, à égalité avec le Hasard. Ceci n’est pas entièrement faux.
L’auteur dont il est question apporte des éléments nouveaux à la réflexion sur l’évolution et à la pensée darwinienne. Il a parfaitement raison dans cette correction, de même que Darwin a aussi apporté d’excellentes choses pour penser le vivant, pour en faire connaissance, passionnant dans le fait des recherches. Ne serait-ce que la cellule, et tout ce qui y est inclus comme objets et fonctions, et de proche en proche, les molécules, les atomes, les ions, si près des soleils.
Que d’énigmes, que d’eaux alimentent nos moulins. Que de farines pour nourrir nos philosophies.
Et en contrepoint de ces approches scientifiques non dogmatiques, il y aussi des approches relevant d’un autre ordre, d’une autre méthode, si on peut appeler méthode cette démarche sensible, artiste, poétique, spiritualiste. Telle que des hommes premiers, naïfs et sidérés, pouvaient concevoir – conception sans les mots – intuition, vision immédiate, dans leur nudité face à l’univers « miroir » d’eux-mêmes, pris dedans et désirant s’y fondre, y trouver leur vie d’instinct, sachant d’intuition leur redoute de leur mort. Ne pouvant confondre le haut et le bas. Voyant leur temps s’enfuir dans le passé, et devoir fuir face aux prédateurs.
Je fais l’impasse sur tout ce que nous aurions à connaître du monde dans lequel nous sommes, pour pouvoir y vivre.
On ne va pas se nourrir de champignons vénéneux quand même, ce serait contre productif. Et pourquoi donc en est on arrivé à fabriquer autant de choses nocives ? Inversion du sens et de l’instinct. Il n’y a qu’un instinct, c’est celui du vivant. Et qu’un manque d’instinct c’est celui du mort.
On voudrait échapper à la mort, en combattant la mort ? Là encore, c’est voué à l’échec. De même de se prémunir du vivant qui arrive et nous sort de nos habitudes, de nos croyances, de nos images, nos dessins, et nos desseins. Donc de nos mots. De tout ce que nous avons nommé, et pris comme vérité.
Verte est la Vérité. Comme le dit le microbiologiste, on peut spéculer sur les cyanobactéries qui ont fourni l’oxygène sur la terre, et engendré tout ce qui suit, comme organismes vivants, par les fonctions chlorophylliennes.
Ne serions-nous qu’un de ces organismes parmi d’autres, ayant tout liberté de manœuvre et manipulation du vivant en fonction d’objectifs que nous nous fixons ? Comme par exemple cette idée de faire ingérer des enzymes du bonheur par le truchement de bactéries. Selon l’idée de l’auteur qui y voit à juste titre l’influence positive ou négative des substances produites par ces minuscules entités. Et nous dépouillant presque de notre capacité de choix, et même de ce « je » qui reste pour ce chercheur un élément douteux.