Avant d’être dans ce corps tu étais,
peut-être quelque part,
sûrement pas nulle part
probablement une part de cette totalité.
Puis, tu es désormais dans ce corps
livré à sa solitude, tenu de chercher
les raisons de sa présence,
ce qui l’anime,
dont il se souvient à peine.
Ce qui ressurgit inopinément
dans le feu de l’action
du désir et de la faim
qui nous tenaillent
nous obligeant à la patience
à l’attention vers l’autre
qui nous donne à vivre
et à mourir.
L’autre, tous les autres avec lesquels nous devons être sous peine de perdre beaucoup de ce que nous sommes, malgré ce fait remarquable que nous pouvons nous en passer, et succombions dans la malheureuse existence enfermée. Il y a tellement de choses que nous oublions, puis qui nous reviennent, nous repensons à ces expériences anormales où ne sommes plus dans le quotidien banal des phénomènes bruts. Ces moments forts, fugitifs, improbables, et involontaires, répétés et tous différents, fulgurances de ce qu’on appelle les esprits. Et qu’on veut nous réduire à n’être que le fruit de notre cerveau malade en proie à des chimères.
Mais peu importe les opinions ou les avis des gens autorisés. Toutes ces choses qui sont sans valeur aux yeux du monde, t’appartiennent, et sont précieuses comme des secrets que tu gardes dans un petit boîtier.